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la première moitié du xixe siècle

Sa forme est harmonieuse et souple ; sa facilité prodigieuse. Un mélange d’observation et de romanesque fait de chacun de ses romans le type du roman idéaliste français.

Mais la facilité même de George Sand la portait peu aux études psychologiques très poussées. Le roman psychologique atteint presque à la plus haute perfection dans Adolphe (1816), de Benjamin Constant (1767-1830), seule tentative littéraire d’un homme qui s’occupa toute sa vie d’études religieuses et politiques. Benjamin Constant fut fort amoureux de Mme de Staël. C’est l’histoire lamentable de cet amour qu’il dépeint avec une assez grande sécheresse qui donne un peu à ce roman l’air d’un rapport sur une question sentimentale, mais aussi avec une acuité, une pénétration, une intelligence du cœur humain qui n’avaient jamais été atteintes, même de très loin et qui font de ce petit livre un des plus complets, un des plus intéressants documents qui aient jamais été publiés sur l’amour.

Toutefois, il s’agissait là encore d’un roman autobiographique. Transporter dans le roman d’aventures le sens de l’observation psychologique fut l’œuvre de Stendhal (1783-1842). C’était un soldat qui fit campagne en Italie et en Russie, puis se fixa en Italie. Ses deux principaux livres sont deux romans, le Rouge et le Noir (1831), et la Chartreuse de Parme (1839). Le style n’en est pas très remarquable. Les dons psychologiques y sont prodigieux. Stendhal apporte, lui aussi, des documents sur l’homme, et des documents de premier