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la première moitié du xixe siècle

biblique, parcourt la mythologie grecque, s’arrête à Rome, s’attarde longuement au moyen âge français où les prouesses des chevaliers l’enchantent, peint le xvie siècle, arrive aux temps présents, cherche enfin dans l’avenir le chemin que prendra l’homme à la poursuite de l’idéal. Ce livre, généralement considéré comme le chef-d’œuvre de Victor Hugo, est en tous cas celui où sa puissance s’étale avec le plus de splendeur, et qui contient les plus beaux poèmes qu’ait produits la poésie épique.

En 1862, parut encore un grand roman, les Misérables, plein de beaux tableaux qui se composent en fresque, puis, en 1874, un autre roman, Quatre-vingt-treize.

Hugo était rentré en France en 1870. Il publia l’Année terrible et plusieurs autres recueils de poèmes, Quand il mourut, en 1885, laissant un grand livre inachevé, la Fin de Satan, il était révéré en France comme un demi-dieu et la nation lui fut les plus somptueuses funérailles.

Son influence est peut-être unique dans l’histoire littéraire. Maître incontesté du romantisme, il survit avec une étonnante vigueur à l’agonie de celui-ci et continue à faire aimer le grandiose et l’héroïque à une époque de lassitude et d’analyse sentimentale. Il n’est pas beaucoup plus un penseur que Lamartine, mais il est le plus grand génie oratoire de tous les temps. Il a donné aux mots une couleur que les grands classiques leur avaient toujours refusée, et introduit dans le vocabulaire nombre de termes nouveaux, techniques,