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la première moitié du xixe siècle

et né à Besançon, est l’incarnation même du génie. Il est à la fois l’abondance et la maîtrise. Il est l’universalité. Il semble en effet qu’il contienne ou forme toutes les écoles poétiques qui naîtront autour de lui et après lui.

Il débuta à vingt ans par un recueil d’odes, qui, remanié, forme, quatre ans après, les Odes et Ballades (1826), déjà étonnantes par la souplesse et la variété des rythmes. Les Orientales (1829), poèmes encore un peu vides de pensée, mais d’un brio extraordinaire, vinrent ensuite. En 1830, il donnait au théâtre Hernani qui déchaînait à la fois un enthousiasme indescriptible et des querelles très violentes. Le poète, amoureux avant tout de la couleur, cherchait une action mouvementée, qui donnât place au pittoresque. Cette action aurait étouffé dans les règles sévères de la tragédie classique. Le poète abolissait donc les unités de temps et de lieu. Il élargissait son action dans le temps et dans l’espace, au grand scandale des réactionnaires. Il faisait voir de grands tableaux, prétextes à mise en scènes brillantes et compliquées. Il assouplissait le vers, y multipliait les enjambements, le voulait vivant, élastique et « lyrique, épique, dramatique, suivant le besoin », théorie qu’il préconisait dans la préface d’un premier drame, Cromwell (1847). (Cette préface est le manifeste des théories nouvelles.) Ainsi le théâtre en vers perdait la monotonie un peu figée de son rythme. Enfin, le poète parachevait la révolution en mélangeant le comique au tragique, grande nouveauté, ou, plus exactement en semant dans le drame