notes de voyage qui n’ont pas trouvé leur place dans les Martyrs, a les mêmes qualités de pittoresque sensible. Après la mort de Châteaubriand fut publiées ses mémoires (Mémoires d’Outre-Tombe) où cet écrivain de génie donne libre carrière à son goût des confidences personnelles, de l’expression complaisante du moi. Certes, on y sent un peu l’emphase d’un personnage avide de s’exalter lui-même, mais on y trouve aussi l’expression d’une vie pleine de troubles, d’une âme ardente et majestueuse, contemplatrice des paysages grandioses dont l’auteur nous donne des peintures admirables. Tout le romantisme y est contenu.
Mme de Staël et Chateaubriand avaient inauguré une manière de roman à la fois psychologique et lyrique et ouvert ainsi une voie qui devait être largement suivie.
Au même moment, à Saint-Pétersbourg, un gentilhomme savoisien émigré, Joseph de Maistre (1754-1821), faisait l’apologie de la monarchie et du catholicisme, avec une éloquence très incisive, dans ses Soirées de Saint-Pétersbourg (1821). Il y donnait des arguments au parti ultra, mais poussait si loin ses théories et d’une façon si paradoxale, en faisant par exemple l’éloge de la guerre et du bourreau, qu’il effrayait ses partisans et allait, pour ainsi dire, à l’encontre du but qu’il poursuivait.