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la première moitié du xixe siècle

des vastes solitudes lointaines, le sens d’une beauté, d’une poésie nouvelles. Dans une œuvre qui porte comme titre, son prénom, René (1805), il s’est peint lui-même. Il s’y montre pénétré d’une sorte de langueur, d’un ennui maladif qu’on retrouvera plus d’une fois dans les écrivains qui suivront, qu’on a appelé le mal du siècle, et qui n’est qu’un manque d’équilibre entre le besoin d’étonner par de grandes actions, comme Napoléon, et l’impossibilité d’agir ; entre l’imagination qui commande, et la volonté qui, trop faible, n’exécute pas.

La mort de sa mère et de sa sœur lui rendit la foi de son enfance. Redevenu chrétien, il est frappé de la beauté des cérémonies chrétiennes. Il publie en 1802 le Génie du Christianisme apologie de la religion chrétienne, si favorable aux arts et aux lettres. Ce retour au christianisme est d’ailleurs une des caractéristiques du mouvement romantique. En 1809, il donne les Martyrs, sorte d’étude historique sur les mœurs païennes et chrétiennes dans l’empire romain, dont la beauté réside surtout dans d’admirables descriptions. C’était une très grande nouveauté que ces tableaux où l’auteur se plaisait à faire vivre devant nous des scènes d’époques disparues, à évoquer en peintre des personnages d’autrefois avec leurs costumes, leur couleur, dans des décors très exacts, à faire intervenir enfin la sensation dans la représentation du passé. La couleur locale était inventée, d’où allaient naître les historiens modernes, Augustin Thierry, Michelet. L’Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811), écrit avec les