Page:Les oeuvres de la pensee francaise Volume II.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
la première moitié du xixe siècle


Mme de Staël

Mme de Staël (1766-1817), qui tient par plus d’un côté au xviiie siècle, annonce la génération nouvelle par son goût de l’improvisation rapide, de l’expression spontanée du sentiment. Deux romans d’elle, Delphine (1812) et Corinne (1817), sont presque des autobiographies. On y trouve déjà ce sentiment de la solitude morale, ce goût de la mélancolie, cette attitude désabusée et hautaine qui caractériseront les grands romantiques.

Mais c’est son livre De l’Allemagne, paru en 1810, qui lui valut le plus grand succès. Elle y préconisait le cosmopolitisme littéraire, l’étude d’autres modèles que les œuvres grecques et latines ; elle vantait les littératures du nord et apportait le mot de romantisme pour étiqueter l’ensemble des nouvelles tendances.

Chateaubriand

Mais si Mme de Staël fut comme un éclaireur du romantisme, on peut dire que le père en fut Chateaubriand (1768-1848). Il voyagea d’abord en Amérique, revint en France, émigra, fut blessé à Thionville, s’exila successivement à Bruxelles, à Jersey, à Londres, revint en France en 1800, fut nommé par Napoléon, ministre plénipotentiaire, démissionna, voyagea de nouveau, fut nommé pair de France par Charles x, et mourut à Paris.

On peut dire qu’il révéla le monde à ses lecteurs. De ses grands voyages, il avait rapporté, avec le goût