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le xviiie siècle

d’après leur degré de ressemblance avec lui. Mais dans les tableaux qu’il trace de la Terre, aux âges successifs de sa formation, il y a des visions de poète qui égalent les plus belles pages de Lucrèce. Comme Rousseau, Buffon a recours, pour peindre ces tableaux grandioses, à la grande phrase à période du siècle de Bossuet… Son discours de réception à l’Académie, Discours sur le Style (1753), est demeuré classique. Il y dit l’importance des effets littéraires, la nécessité absolue de couler les idées dans un moule approprié au caractère de l’écrivain. Les idées se vulgariseront, tomberont dans le domaine public. Le style seul perpétuera le nom de l’auteur. Sa phrase « le Style est l’homme même » est proverbiale.

Le Barbier de Séville et le Mariage de Figaro

Le xviiie siècle s’intéressant peu à l’étude du sentiment, ne pouvait avoir qu’un théâtre médiocre, imitations artificielles du théâtre de Racine ou tentatives avortées vers un art nouveau. Nivelle de La Chaussée (1691-1754) essaya d’intéresser ses contemporains à une comédie qui a gardé le nom de comédie larmoyante, et qui tâche d’agir sur les nerfs des spectateurs, de provoquer leurs larmes par le spectacle de la vertu malheureuse. Diderot, lui, remplaça la peinture des caractères par celle des conditions, mit le juge ou le marchand à la place de l’avare et du misanthrope. Le Père de famille (1757), le Fils naturel (1758), n’obtinrent qu’un succès médiocre. Seul Beaumarchais