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le xviiie siècle

(1758), Est-il bon est-il méchant ? (1781), ou de ses articles de critique d’art à propos des salons.

Son art sensuel apporte à ce xviiie siècle, un peu desséché par l’intelligence pure, une note nouvelle. Tout sensations, amant du bruit, du mouvement et de la couleur, il ramène dans la prose française la grande phrase oratoire que les écrivains dédaignaient depuis qu’ils prétendaient ne plus s’adresser qu’à l’esprit. Parfois même la force du sentiment lui fait trouver des accents poétiques.

Jean-Jacques Rousseau

Comme Diderot, avec qui d’ailleurs il fut intimement lié à l’époque de ses débuts littéraires, Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) préfère le sentiment à l’intelligence ; ou plutôt, il est tellement dominé par ses sentiments qu’il ne saurait avoir une idée qui, dès son éclosion, ne se change en une passion. Né à Genève, d’un père horloger, et ayant jusqu’à quarante ans mené la vie la plus aventureuse, Rousseau s’est développé librement, en dehors de toute tradition, en marge de la Société. Très orgueilleux, très content de lui-même, il pense être une preuve vivante des défauts de l’organisation sociale qui, de son temps, déforme l’homme, et le dépouille de ses meilleures qualités. Enivrés par les progrès des sciences, les Fontenelle et les Voltaire avaient dédaigné les traditions des générations précédentes ; Rousseau va plus loin : il attaque les idées de sa propre génération. Ainsi l’homme prend peu à peu une plus grande confiance en lui-