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le xviiie siècle

tianisme ont causé les malheurs des hommes ; il faut combattre les religions en s’appuyant sur la raison. Cette idée un peu simpliste fausse la ligne générale de l’œuvre. Mais il n’en reste pas moins que Voltaire a de grandes qualités d’historien, une érudition étendue, une ardente curiosité qui lui fait préférer le tableau des mœurs à celui des batailles, un grand sens du pittoresque, et une forme vive et nette, d’une clarté sans égale.

Mais Voltaire ne se contente pas d’être auteur dramatique et historien. Il veut être avant tout un philosophe. De très nombreux écrits s’efforcent de justifier ce titre. Ce sont les Lettres Philosophiques (1734), le Traité sur la Tolérance (1763), le Dictionnaire Philosophique (1764), et plusieurs petits romans : Zadig (1748), Candide (1759), l’Ingénu (1767), la Princesse de Babylone (1768), critiques sociales ou politiques plutôt qu’œuvres d’imagination. Le nom de philosophe n’en est pas moins un peu gros pour Voltaire, dont les idées ne sauraient constituer un système. Il n’est pas ennemi de la constitution qui régit la France de Louis XV. Et même, ce gouvernement ayant permis au petit bourgeois qu’est Voltaire de devenir un des grands de ce monde, ami des rois, presque roi lui-même dans sa terre de Ferney, Voltaire est partisan d’un solide despotisme qui protège les gens riches. En revanche, il attaque le Christianisme qui prétend empêcher les honnêtes gens de jouir de la vie et dont les arrêts gênent la liberté d’écrire… Il est, selon les cas, optimiste ou pessimiste.

Avec tous ses défauts, Voltaire est cependant, par