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le xviiie siècle

cialistes, Montesquieu est un créateur qui n’expose que sa pensée.

Voltaire

Tout au contraire, le roi littéraire du siècle, Voltaire (1694-1778), n’eut peut-être pas une idée à lui. Bourgeois de Paris, soucieux de s’y créer une situation brillante, il utilisa des dons littéraires prodigieux à faire connaître au public les idées des autres. Au théâtre qu’il emplit pendant soixante ans de son nom, il se borna à imiter. C’est d’abord Racine qu’il prit pour modèle, puis Shakespeare dont il avait connu les œuvres en Angleterre. Sa tragédie de Zaïre (1732) se souvient d’Othello. Il transforma pourtant la mise en scène, y introduisit quelque sens de la vérité historique. Peu doué pour l’étude de la psychologie, il remplaça l’analyse des sentiments par un artificiel pathétique de situation dont après lui le mélodrame s’empara. Ni Zaïre, ni Mérope (1743), ses deux plus grands succès, ne se sont complètement maintenus.

On lui a souvent attribué l’honneur d’avoir créé l’histoire moderne, à cause de ses trois grands ouvrages historiques : le Siècle de Louis XIV (1751), l’Essai sur les mœurs (1756), le Précis du règne de Louis XV (1768), ouvrages en effet très remarquables, mais qui doivent cependant céder à Montesquieu la gloire d’avoir ouvert la voie. Comme Montesquieu, Voltaire s’efforce de tirer une leçon de l’histoire, et cette leçon est fort simple : les religions et en particulier le Chris-