Page:Les oeuvres de la pensee francaise Volume II.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
le xviiie siècle

Louis XIV, puis avait fait partie du conseil de Régence. À la mort du Régent, il quitta le monde et la cour et entreprit la rédaction de ses Mémoires dont des fragments importants parurent en 1788, mais dont l’édition complète ne fut publiée que beaucoup plus tard (1829-1831).

Saint-Simon fut le spectateur intelligent et curieux de son siècle. Négligent de la forme, car il n’est pas un écrivain de profession, mais un grand seigneur qui s’amuse, il abonde pourtant en expressions vives, imagées. Son style rapide est plein de termes pittoresques. Il lui sert à peindre avec une vie intense les coulisses du monde et de la politique, et les personnages qu’on y rencontre. Les portraits sont aigus, profonds, d’un trait vif et finement caricatural. Les Mémoires sont moins une œuvre littéraire qu’un document sur les hommes de ce temps, mais un document d’une valeur exceptionnelle.

Les Comédies de Marivaux

Marivaux (1688-1763), né à Paris, est, parmi les hommes de son temps, le vivant prolongement de l’école de Racine. Mais la tragédie, qui ne peut mettre en scène que des sentiments nettement définis, avait beaucoup parlé d’amour sans jamais s’occuper de la naissance de l’amour. Molière, lui, n’avait demandé au sentiment que des ressorts pour l’intrigue. Marivaux créa la comédie amoureuse. Il montra comment l’intérêt s’empare doucement d’un cœur de femme, comme