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les origines

fabuleuses. Le merveilleux ira même jusqu’à prendre tout à fait la place de l’histoire.

On appelle ces poèmes héroïques des chansons de geste. (Gesta en latin signifie hauts faits.)

La plus célèbre est la Chanson de Roland (vers 1080). Elle est écrite en vers décasyllabiques et divisée en laisses ou couplets. Le style en est naïf, monotone, assez sec, purement narratif. L’emploi du vers ne s’y justifie que par le rôle presque purement mnémotechnique qu’on lui faisait jouer. Le sujet est emprunté à l’histoire (massacre par des paysans de l’arrière-garde de Charlemagne repassant les Pyrénées pour rentrer en France après son expédition contre les Musulmans d’Espagne) ; et c’est comme une chronique véridique que le public l’écoutait. En réalité, l’anecdote militaire dramatisée, amplifiée, agrémentée de personnages imaginaires, y devient une sorte d’épopée où nous voyons le prince Roland fendre des montagnes avec son épée Durandal. La bravoure et l’orgueil étant les seules vertus de ce temps, ce rude récit, où l’amour tient une place infime, n’en exalte pas d’autres. On sent qu’il s’adresse à des auditeurs qui ne savent que se battre et prier Dieu.

Les poèmes bretons

Des harpeurs bretons avaient introduit en France les légendes du Pays de Galles et de l’Armorique. Les jongleurs y retrouvèrent avec ravissement ce caractère de mélancolie amoureuse qui constituait le premier fon-