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les origines

et non des individus. Ils ont un certain nombre de cases dans lesquelles ils font entrer l’humanité tout entière. Ils ignorent la nuance.

Origines. Premiers textes

Les origines de notre littérature sont confuses. À peine peut-on dire avec quelque certitude que, comme chez tous les peuples primitifs, ce fut la poésie qui apparut la première. Comme les aèdes de la Grèce antique, des trouvères célébrèrent en longs poèmes les exploits des grands chefs.

L’homme sent avant de réfléchir. Il n’est donc pas étonnant que la littérature, expression de l’intelligence, soit en retard sur l’art, expression de la sensibilité. À l’époque où s’élevaient les parfaites églises romanes et les merveilleuses cathédrales gothiques, la poésie rasa le sol. Les artistes créaient de la beauté ; mais les poètes n’avaient point ce souci. Ils se contentaient de fixer des faits historiques. Ils colportaient des documents qui n’avaient pas beaucoup plus de prétention à l’exactitude qu’à l’originalité.

Les chansons de geste

La nécessité de renouveler ou de stimuler l’intérêt fit cependant que les conteurs ornèrent leurs récits de détails inventés, grossirent les faits et les personnages, donnèrent carrière à leur imagination et transformèrent leurs chroniques primitives en légendes plus ou moins