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le xviie siècle

Les philosophes

La philosophie commence à devenir sceptique, plus humaine aussi, et en même temps plus audacieuse dans son souci d’aller vers plus de vérité.

Bayle (1647-1706) et Fontenelle (1657-1757), reprenant les doctrines de Descartes, portent sa philosophie beaucoup plus avant.

Pierre Bayle est un causeur. Élégant, habile, il touche à tout avec un bon sens mélangé de finesse. Son œuvre principale est son Dictionnaire historique et critique (1697). Il applique à toutes les questions un sens critique demeuré célèbre. Un sens critique trop aiguisé mène au scepticisme. On sent en lisant Bayle que ce siècle étonnant qui a commencé dans la grâce et s’est continué dans la force, ne se complaît plus, vers sa fin, que dans l’intelligence.

Fontenelle écrivit de médiocres pièces de théâtre et ses remarquables Entretiens sur la pluralité des mondes (1686). C’est un savant, — il mourut secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, — qui fait de la littérature avec les connaissances scientifiques. Il est discret, mesuré, prudent, égoïste : « Si j’avais les mains pleines de vérités, disait-il, je me garderais de les ouvrir. » La Bruyère dit de lui : « C’est un bel esprit de profession. » Nous dirions aujourd’hui : hommes de lettres. Il est d’ailleurs un des premiers artisans de l’esprit moderne.

Mais le plus grand moraliste de cette seconde moitié du xviie siècle est sans contredit La Bruyère