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le xviie siècle

Massillon (1663-1742), oratorien, fait des sermons et des oraisons funèbres dont une, celle de Louis XIV, est restée célèbre. Il a peu d’idées, mais il les pare de métaphores abondantes et brillantes. Par sa sensibilité, plus morale que dogmatique, il annonce le xviiie siècle.

Fénelon (1651-1715) est moins prédicateur que prélat. C’est avant tout un éducateur. Chargé de l’éducation du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, il écrit des Fables en prose très appropriées à l’enfance, des Dialogues des Morts, petites leçons d’histoire et de politique, enfin le Télémaque (1699), récit mythologique doublé d’un roman pédagogique, qui fut certainement le livre le plus lu de son temps. Dans ce livre où il se met en scène sous les traits du sage Mentor, Fénelon redresse le caractère de son élève et lui insinue en même temps sa conception politique. Il veut tempérer l’absolutisme royal par la participation au pouvoir des états-généraux, modérer les dépenses et les guerres, développer l’agriculture. Il écrivit encore un Traité de l’Éducation des Filles et exposa ses idées littéraires dans sa Lettre à l’Académie, où il assouplit les règles édictées par Boileau. Partout il apporta le même charme enveloppant, les mêmes grâces fleuries, la même harmonie un peu douceâtre du style. Mais sous des dehors un peu nonchalants, on sent une ardeur sincère, et même une volonté forte qui se révéla dans les polémiques avec Bossuet.

Par son souci des constitutions politiques, Fénelon prépare la voie aux grands manieurs d’idées du xviiie siècle.