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le xviie siècle

Les oraisons funèbres qu’il fit pour Anne d’Autriche, Henriette d’Angleterre, le prince de Condé, Anne de Gonzague, etc., sont en réalité autant de sermons sur la grandeur de Dieu, les leçons de la Providence, la grâce, etc… d’une élévation de pensée qui va souvent jusqu’à l’audace, surtout d’un mouvement merveilleux qui emportait le cœur et l’esprit des écoutants. Les images sont vives, pleines de force, et, la beauté d’un discours consistant pour une grande partie dans le mouvement rythmique des phrases, les périodes se déroulent dans une musique incomparable, toujours expressive de l’idée, toujours en rapport direct avec elle, tantôt pressée, tantôt au contraire lente et mesurée. Cette éloquence ne se départit jamais d’un grand naturel ; aussi Bossuet est-il bien de la grande époque de Racine.

Bourdaloue (1632-1704), un jésuite, conçoit un sermon comme la démonstration d’un théorème. Il est précis, net, raisonneur jusqu’à la sécheresse. Mais il est aussi très psychologue. Il s’adresse à la raison plutôt qu’au cœur. Il appartient bien à ce siècle par la rigueur de son analyse, l’inflexibilité de sa logique, le mépris de l’imagination.

Fléchier (1632-1710) avait commencé par écrire de petits vers. On s’en aperçoit dans ses oraisons funèbres dont le style est souvent précieux. Il n’a aucune des qualités de la véritable éloquence. Jamais il ne s’abandonne aux mouvements d’une inspiration véritable ; par contre, il enrichit son style de toutes les grâces chères à l’hôtel de Rambouillet.