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le xviie siècle

son théâtre une assez longue suite de comédies qui font de lui le plus grand comique français.

C’est encore le goût de la vérité psychologique qui le guide. Il s’en sert pour ramener le public au goût de la santé et de la nature.

Il commença par écrire des comédies à l’image de celles de Scarron qui étaient alors à la mode ; puis des comédies à intrigue, en vers, pleines de verve, d’entrain, d’une forme extrêmement souple, et où le goût de l’observation joint à un sens délicieusement français de l’ironie aboutit au plus franc comique : l’Étourdi, le Dépit Amoureux. Puis viennent des comédies de mœurs où les travers de la société sont tournés en ridicule avec une verve bouffonne : les Précieuses Ridicules, les Fâcheux. Enfin ses grandes œuvres sont à la fois des comédies de caractère par l’importance donnée à la peinture d’un personnage principal, et des comédies de mœurs par la précision du cadre humain dans lequel ce personnage principal évolue : le Misanthrope (1666), Amphytrion (1668), Tartuffe (1669), le Bourgeois Gentilhomme (1670), les Femmes Savantes (1672), le Malade Imaginaire (1673). Il donnait d’un coup à la comédie une ampleur extraordinaire. Un don inconnu jusqu’à lui du mouvement dramatique lui permettait, bien qu’il négligeât l’intrigue, d’animer d’une vie intense tous ses personnages ; l’amour classique de la clarté dans la pensée et dans la forme rendait ses œuvres presque universellement accessibles.

Molière est, par son esprit clair, sa verve caustique et joyeuse, son intelligence du cœur humain, son bon