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le xviie siècle

jeunesse, et qui étonnent encore aujourd’hui. Il semble que ce pur génie ait deviné et compris à l’avance toutes les écoles poétiques qui se sont succédé depuis. Mais il innove toujours avec tant de mesure qu’on ne voit pas tout d’abord à quel point il est audacieux. Son vers ne se contente plus d’une harmonie purement verbale, d’un ronron caressant et un peu monotone. Il procède d’une autre musique, cérébrale si on peut dire et psychologique ; et l’harmonie naît d’un accord miraculeux entre la pensée, l’expression et le rythme ; ce qui peut servir de définition à toute la poésie. La Fontaine a enfermé dans ces vers vivants, tempérés et limpides le charme de ce pays d’Île-de-France qui fut le sien, avec les douces couleurs de ses eaux, de son ciel et de ses paysages.

Il a laissé aussi des Contes, assez imités de Boccace, spirituels, amusants, rapides, mais qui sont loin d’égaler ses Fables.

Avec les Fables, la langue est définitivement fixée. Elles sont encore, après trois siècles et demi, notre modèle le plus pur.

Les comédies de Molière

Le fils d’un tapissier, Jean-Baptiste Poquelin de Molière (1622-1673), après avoir formé une troupe de comédiens avec laquelle il parcourut la province, jouant lui-même les comédies qu’il improvisait, — revint à Paris et s’installa avec sa troupe au Palais-Royal, en 1661, avec un privilège du roi. Il écrit alors pour