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le xviie siècle

et sur mille petits événements de sa vie, des lettres à sa fille, qui furent réunies par la suite. Cette Correspondance étincelante de gaîté et d’esprit, remplie de tableaux délicieux de la ville ou de la campagne et de portraits des gens en cour, est un merveilleux document sur la vie intime de ce temps, écrit dans une langue vive et primesautière, pleine d’imprévu et de charme.

Les Fables

Elles paraissent de 1668 à 1694. Elles sont l’œuvre du poète le plus purement français. Au contraire des classiques et bien qu’il leur ressemble par bien des points (clarté, mesure, pureté), La Fontaine (1621-1695) dépasse peu les frontières de France, est peu compris à l’étranger. Cela tient à ce que son génie est contenu presque tout entier dans la virtuosité de son style, à ce qu’étant avant tout poète, il ne subsiste presque rien de lui dans les traductions.

Les Fables constituent une peinture satirique de la société, mais où la satire n’a jamais d’amertume. Ce sont de fines comédies où passent, sous forme d’animaux, des personnages subtilement et amoureusement dessinés, d’une plume sobre jusqu’à la gageure. Le choix prodigieusement heureux du mot, la science étonnante de la phrase où le coloris le plus vif respecte la ligne pure du dessin, l’harmonie délicate d’un vers dont le rythme se renouvelle à l’infini, font de ces tableaux des chefs-d’œuvre qui n’ont rien perdu de leur