Page:Les oeuvres de la pensee francaise Volume I.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
le xviie siècle

très dramatique, grâce à la lutte constante de la volonté et du sentiment. Le vers était simple et brillant ; en même temps qu’il se prêtait merveilleusement à l’expression de toutes les nuances de la pensée (Corneille est quelquefois encore un peu précieux) ; il était coloré, sonore, plein d’images vives et propre aux tableaux pittoresques. Le plan était solide, ramassé, le style nerveux et fort. Corneille enfin résumait magnifiquement toutes les tendances de son temps. Il n’est pas jusqu’à l’exaltation mystique de Pascal qui n’apparaisse dans Polyeucte, tragédie sacrée (1642). Horace, Cinna (1640) sont d’autres chefs-d’œuvre. En 1642, il avait donné le Menteur, comédie pleine de verve et qui n’est plus seulement une comédie d’intrigue. Enfin suivit, jusqu’en 1674, une longue suite de tragédies de moindre importance.

Parmi les contemporains de Corneille, Rotrou (1609-1650) vaut seul d’être retenu. Il y a dans Saint-Genest (1646), où on sent d’ailleurs une grande influence de Corneille, de la sensibilité et du pittoresque.

Le classicisme

Peu à peu la préciosité et le mysticisme s’éteignirent. Le goût de la psychologie resta, et, en même temps, une forme d’art déjà très pure. C’étaient les éléments d’où devait découler cette littérature classique, dont Boileau résuma les règles, que Molière, La Rochefoucauld, La Fontaine et Racine illustrèrent, et qui servit de modèle à l’Europe entière. En effet