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la renaissance

de grâce voluptueuse quand il redevient français (Les Amours, recueil de poèmes amoureux dédiés à ses maîtresses Marie, Cassandre, Hélène, sont un chef-d’œuvre qui domine toute cette époque).

Joachim du Bellay (1525-1560), le porte-paroles du groupe, laisse aussi deux recueils qui de temps en temps atteignent à la perfection de Ronsard et même montrent plus d’humanité. Il a surtout ceci de remarquable que, voyageant en Italie, il comprend le premier le charme de la France et l’exprime délicieusement.

Rémi Belleau (1527-1577) est un petit maître délicieux et facile.

Baïf (1531-1589) essaie vainement d’appliquer à la poésie française les règles de la prosodie latine, mais laisse de frais poèmes où La Fontaine puisera des idées et des formes.

Somme toute la Pléiade, bien qu’ayant failli détourner la poésie française de ses vraies voies en préconisant une imitation outrancière de l’antique, fut bien moins rigoureuse dans ses œuvres que dans ses formules, enrichit le vocabulaire, le fortifia, le colora, prit conscience des moyens de la langue, et laissa des poèmes qui se rattachent à la plus pure tradition française.

Après Ronsard les poètes continuent d’appliquer sa méthode en l’exagérant, et en confondant un peu trop la simplicité antique avec la mièvrerie italienne. La Boétie, mort jeune (1530-1563) écrit des sonnets d’une sensibilité très précieuse et qui se souviennent de Pétrarque. Du Bartas est plus précieux encore et tombe