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la renaissance

Montaigne

Montaigne (1533-1592), magistrat, puis maire de Bordeaux, se retira à trente-sept ans dans son château de Montaigne, y vécut fort solitaire et y écrivit ses Essais dont les deux premiers livres parurent en 1580.

Loin d’admettre une vérité révélée. Montaigne commence par douter de tout. Dans son siècle intolérant et violent, il montre un large scepticisme. Il aime l’homme dans l’homme, crée l’individualisme : « Il faut se prêter à autrui et ne se donner qu’à soi-même. » Il se plait à se regarder vivre et à se plaindre un peu soi-même ; puis il étend à tous ses contemporains les observations qu’il a faites sur soi. Dans cette étude, il ne montre aucun pessimisme, tout au contraire de ce que montrera plus tard un autre grand observateur de l’homme, La Rochefoucauld. Il croit à la vertu humaine, à la bonté, à un sens naturel de l’équité, de la justice, à l’amitié, à l’amour filial, à l’amour paternel. Il enseigne l’art de vivre honnêtement et heureusement, en ayant des clartés de tout, en écartant de soi tout ce qui déprime et inquiète.

Son style est coulant, clair, peu artiste, mais exact, toujours simple et naturel, parfaitement original. Il ne lui manque, pour être classique dans la forme, qu’un peu plus de concision et le goût de l’ordonnance. Il l’est dans le fond par son amour de la raison.

L’influence de Montaigne fut immense. Bacon l’imita dans ses Essais. Shakespeare l’imita dans la Tempête. Ben Johnson en avait fait sa lecture favorite.