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la renaissance

Il écrit deux romans qui se tiennent et dont l’un n’est que le prolongement de l’autre : Gargantua et Pantagruel. C’est l’histoire d’une famille de rois géants en trois générations, qui représentent chacun un stade de la civilisation. L’auteur préconise une sorte de morale antique, cette morale de la bonne humeur qu’on a appelée le Pantagruélisme. (Le monde est bon, la terre est une bonne mère). Il s’amuse à la pousser lui-même à l’excès, et en fait en quelque sorte la caricature (poltronerie, gourmandise, paillardise, etc…), dans le personnage de Panurge, — montrant ainsi le danger qu’il y aurait à se laisser aller à sa doctrine sans l’enseigner dans les lois morales, car il est sain avant tout. Le plan s’amuse à tracer d’une abbaye selon ses vœux comporte : pas de murs, pas d’horloge, pas de règles, une bibliothèque contenant tous les livres grecs, latins, hébreux, mélange des hommes et des femmes… enfin les moyens de vivre libre, instruit, marié, dans une grande santé physique, intellectuelle et morale. Rabelais donne, par ces théories, le coup de grâce au moyen âge et à toute sa scholastique (son frère Jean est un type de moine qui n’a aucune des qualités du moine et toutes celles du soldat.)

Les philosophes

Le mouvement de la pensée au xvie siècle est le plus considérable de toute l’histoire littéraire française. On n’avait fait, pendant les deux siècles précédents, qu’ar-