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la renaissance

Son emprunt à l’antiquité est tout extérieur. Elle le libère de l’emprise du moyen âge et lui redonne le goût de la conversation facile et libre. Mais ce qu’il a à dire n’a rien que de très français. C’est un causeur en vers, léger, frais, aimable, spirituel qui rapporte en France le sourire et que La Fontaine reconnut plus tard comme son maître. Le maître sans doute ne vaut pas l’élève, mais il est le chef d’une école très importante qui régna de 1520 à 1540.

À cette école appartiennent Mellin de Saint-Gelais qui a à peu près le même caractère avec plus de méchanceté dans l’épigramme et moins de talent ; et Marguerite de Valois, sœur de François ier, qui écrit Les Marguerites de la Marguerite des Princesses, recueil de petits poèmes, avec une bonne grâce et une aisance remarquables.

François Rabelais (1499-1553), né dans cette Touraine où toutes les qualités de la race française sont réunies comme par miracle, fut d’abord prêtre et cloîtré ; s’évada de son couvent, devint médecin, suivit Jean du Bellay dans une ambassade en Italie, mourut avec le titre de curé de Meudon. — On sent dans ce tableau rapide à la fois le goût de vivre, l’esprit d’aventures, l’avidité de savoir qui le caractérisent.

Ce qu’il a pris à l’Italie, ce n’est pas, comme les poètes cités ci-dessus, le goût de la vie raffinée et de l’élégance, mais le goût de la vie bonne et joyeuse. C’est comme eux par la passion de jouir qu’il est un homme de la Renaissance, mais il jouit d’une autre façon.