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les xive et xve siècles

fines qualités de notre race, un musicien des mots qui ne retrouvera plus d’égal avant le xixe siècle, un de ces complets poètes enfin qui sont la vie et la force d’une littérature.

L’histoire

Pendant que Charles d’Orléans et surtout Villon exprimaient ce qu’il y a de plus intime dans l’homme, Froissart (1437-1505) fixait le côté extérieur de cette société, en s’attachant surtout aux exploits chevaleresques et aux fêtes brillantes. C’était aussi un poète. Mais c’est comme historiographe qu’il présente le plus d’intérêt. D’abord clerc de la chambre de la reine d’Angleterre, il voyagea pour recueillir des documents, dont il fit ensuite ses chroniques écrites de 1373 à 1390. Il aime le côté pittoresque et brillant de la guerre. Il le peint avec passion. Il en fait des tableaux colorés et excite à plaisir l’imagination de ses lecteurs.

Dans le même temps, Philippe de Commines (1445-1511), réagit contre cette tendance. Les réalités de la guerre de Cent Ans ont désabusé les Français, leur ont enlevé le goût du panache. Commines s’attache à peindre l’homme de son temps tel qu’il est sorti de ce contact avec la réalité. Né aux environs de Lille, Commines est un bourgeois intelligent et pratique. Il est d’abord chambellan de Charles le Téméraire qu’il trahit pour devenir la créature de Louis XI dont il préfère l’esprit plus réaliste et plus bourgeois. Disgracié par Charles VIII, il revient en grâce à l’avènement de Louis XII et termine alors ses Mémoires qui rela-