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les origines

dra encore les éléments dans la vie réelle, dans la vie des champs par exemple qu’elle évoquera, sans l’idéaliser, dans ses pastourelles ; ou dans la vie citadine qui nous vaudra la poésie intime, personnelle, et souvent douloureuse de Rutebœuf.

Le roman de la Rose

Mais il restait une classe de la société que cette littérature ne satisfaisait qu’à demi. C’est celle que constituaient les clercs et les savants. Ils créèrent une sorte de littérature universitaire qui se rattache à Rutebœuf, mais qui prit dès l’abord un ton moral, didactique et scientifique.

Ces œuvres sont presque toujours des allégories. La plus célèbre est ce Roman de la Rose, de Guillaume de Lorris, qui traduit l’idéal de la même société que le Roman de Renart satirisa avec réalisme, et dont le succès fut prodigieux. Dante en fut passionné. On le traduisit en italien, en flammand. Chaucer en fit une adaptation anglaise.

C’est, dans sa première partie, un art d’aimer. Amant, type d’amoureux quintessencié, part à la conquête de la Rose, symbole de la Beauté, et, pour arriver jusqu’à elle, doit, aidé par Jeunesse, Noblesse de cœur, Courtoisie, Libéralité, etc…, vaincre Envie, Honte, Crainte, Pauvreté, Haine, Trahison, Avarice… Une seconde partie reprise au 4500e vers par Jean de Meung, vers 1270, est une œuvre presque encyclopédique ; l’auteur en l’encombrant du fatras de