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les origines

assez grossièrement, les auteurs ne se souciant que de provoquer le rire et pas du tout l’admiration. Ils sont très représentatifs d’une société encore inculte dont ils flattent sans vergogne les instincts animaux : joie maligne devant le malheur des autres, mépris total de la femme, obscénité presque perpétuelle. On retrouve la même inspiration dans les premières manifestations du théâtre comique, sortes de fabliaux dialogués.

Le Roman de Renart (xiie et xiiie siècle), puisé aux mêmes sources d’inspiration, s’adresse au même public. C’est une sorte d’épopée familière et populaire, d’une qualité supérieure à celle des fabliaux en ce sens que son caractère allégorique lui permet de donner place à des revendications sociales qui en rehaussent un peu le ton. Les personnages sont des animaux dont les aventures servent de prétexte à des peintures satiriques des mœurs du temps, à des parodies de l’idéal chevaleresque des croisades, exalté jusqu’au ridicule par les chansons de geste qui appelaient une réaction du bon sens populaire. Le chevalier, représenté par le Lion, est sans cesse berné et bafoué par le populaire rusé représenté par Renart.

Ce Roman de Renart marque dans l’Histoire de notre littérature une date importante. Il est l’origine du courant qui passe par Scapin et Figaro.

Le lyrisme bourgeois

La bourgeoisie ne se contenta pas de ces œuvres un peu grasses. Elle eut aussi son lyrisme dont elle pren-