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les origines

dans les anciennes romances des fileuses ou chansons de toile. Elle en gardera l’habitude des arrangements en couplets et des formes fixes. Tandis que les trouvères du Nord s’attachaient à composer de longs romans guerriers, les troubadours du Midi créaient et répandaient une poésie purement amoureuse. Bien plus soucieux de se regarder vivre que d’agir, ils tiraient leur lyrisme d’une exaltation de la passion ; puis, se fatiguant peu à peu, mais gardant un amour suraigu pour thème, ils en venaient aux subtilités, à une sorte de rhétorique du cœur (c’est l’époque des tournois poétiques et des cours d’amour), et tombaient peu à peu dans les complications verbales et les préciosités d’une rhétorique assez mièvre. La femme, chez ces poètes, prenait naturellement une importance de plus en plus grande. But de toutes les préoccupations, elle devenait l’unique source de toutes les vertus (Bertrand de Born, Joffroy Rudel…) De cette poésie amoureuse du Midi et particulièrement des poèmes provençaux naîtra toute la poésie sicilienne et toscane du xiiie siècle.

Les poètes du Nord finirent par subir l’influence de ce lyrisme méridional et, sans renouveler le fond de leurs ouvrages, commencèrent d’en compliquer la forme à plaisir (Thibaut de Champagne, Colin Muset…)

Cette poésie, peu sincère, ne montre encore rien d’individuel.

L’histoire

Nous avons dit qu’au commencement les chansons de geste, purement narratives, étaient considérées