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les origines

dement de leur vieille âme celtique. Alors entra dans la littérature française ce sentiment de l’amour qui devait y jouer un rôle si considérable. La mode se détourna des histoires d’épée. La femme prit une grande importance.

Parmi ces romans bretons, qu’on réunit sous l’appellation de Romans de la Table Ronde, plusieurs sont demeurés célèbres, tels la Légende de Saint-Graal et surtout ce fameux roman de Tristan et Yseult que l’Allemagne, qui, pendant tout le moyen âge traduisit les œuvres françaises, fit sien et dont elle tira un si grand parti ; telle encore la légende du Roi Arthur, qui pénétrera en Italie et lui donnera toute cette tradition poétique qui aboutit à l’Arioste.

Ces romans ne sont plus seulement récités, mais écrits et lus. Ils pénètrent dans les châteaux, dans les appartements des femmes, public plus subtil auprès duquel les poètes tenteront de briller par des qualités d’esprit un peu rares, par l’étalage d’un cœur plus délicat, ils idéaliseront et exalteront si fort l’amour au détriment de la raison que le grand bon sens du caractère français finira par réagir et réduira tant de passion à la taille d’amusements sentimentaux, comme on le voit dans les romans, celtiques d’inspiration, mais bourgeois d’esprit, de Chrétien de Troyes.

La poésie lyrique

Cependant, dans les pays méridionaux de langue d’Oc, la poésie lyrique naissait et se développait (xiie siècle). Elle avait probablement pris sa source