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Alors qu’on lui lira sa derniere sentence,
Loin que voyiez chez lui nature en défaillance,
Il paroît tel qu’il s’est vanté,
Mon avis est qu’on doit l’absoudre,
Le cas est clair, et le lira qui veut ;
Cujas, article cinq, prit soin de le résoudre :
Contre la force nul ne peut.
Or force de nature est de toutes la pire…
Le brave Président alloit bien plus en dire,
Quand un vif applaudissement
Interrompit son argument.
Chacun le trouva juste, et jura de s’y rendre,
Excepté deux ou trois cagots,
Mais ne fallut grand peine prendre
Pour leur prouver qu’ils n’étoient que des sots.
A vrai dire, cette indulgence
Dont on usoit envers le vieux grivois
Ne tiroit point à conséquence :
Un pareil trait n’arrive pas deux fois.
La chose ainsi bien énoncée
Et le prisonnier prévenu,
Un Moine et la maréchaussée
Vont s’emparer de mon pendu.
En pompeuse cérémonie
Cette escorte l’amene à pas majestueux,
Ainsi que les chemins, la place étoit remplie
D’un peuple sot, cruel et curieux,
Au travers de la multitude,
Il arrive au pied du gibet ;
Le bourreau, d’une main impitoyable et rude
Saisit la victime au collet :
Un Juge prononçoit les paroles dernieres
De l’arrêt qui l’exile auprès du vieux Pluton :
Le capucin, pour lui, récitoit des prieres,
Et le peuple croyant que, suivant les manieres
De tout pendard honnête, il feroit un sermon,