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LE GASCON QUI RACONTE SON HISTOIRE

Dans une hôtellerie un soir jé mé présente
(Pour coucher seulement, car je soupe en chemin,
On en digere mieux et le fait est certain.)

Tous les lits sont doublés, me dit une servante,
Hors un qu’occupe seul un gros homme entiché
Dé jé né sais quel goût. Je vous entens, mignonne.

Mais bast, dé cé vilain péché
Jé né crois coupable personne :
Montons toujours, je verrai bien,
Mon coeur, ce qu’il en est : sandis, né craignez rien.

Jé monte donc, jé troube un homme fort honnête,
Jé lui tourne en deux mots ma petite requête.

Il mé dit, sans façon vite mettez-vous là.

Auprès de lui, bref, couché mé voilà ;
Rideaux tirés, lumiere éteinte,
De chose et d’autres nous jasons;
Rien de lâché qui pût mé donner crainte.

De concert pour dormir tous deux nous nous taisons.

Je sens tatonner ma chemise,
Jé né dis mot, jé crois la sienne prise
Et me souleve pour l’aider,
Tant j’ai pûr de l’incommoder.