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» Las ! il est vrai que mon cœur inconstant
» Put à vos loix s’arracher un instant ;
» Pour effacer ma faute passagere,
» Le seul moyen que l’amour me suggere
» C’est d’implorer à vos pieds mon pardon, »

« J’ai trop gémi d’un cruel abandon,
» Répondit-il, je suis inexorable,
» Vous m’avez mis dans un cas déplorable,
» Je fus d’abord, il faut trancher le mot,

» Assez benêt pour pleurer comme un sot.
» Le tems console, et sa main toujours sûre
» À pour jamais refermé ma blessure.
» Cessez en vain des regrets superflus :
» Qui m’a trompé ne me trompcra plus, »

La Belle alors revient à sa supplique
Mais vainement. Elle insiste, il réplique,
Rien paroissoit ne devoir l’appaiser,
Quand d’un bon tour elle va s’aviser.

Vous noterez que cette indifférence,
Ce grand courroux n’étoient qu’en apparence,
Et de l’orgueil venoient uniquement,
Philis étoit par son abattement

Plus belle encore. Son négligé, ses charmes,
Et ses beaux yeux presque éteints dans les larmes,
Et son beau sein tendrement agité
Son ton de voix, son air de vérité,
Cette amoureuse et douce inquiétude,
L’occasion, le moment, l’attitude,
Au beau Médor, tout donnoit des desirs ;
Tout malgré lui l’invitoit aux plaisirs.
Il fait en vain semblant d’être inflexible.