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La poursuivoit dans les bras du fermier.

Les diamans, les bijoux, les dentelles,
Les jolis riens, les cheres bagatelles,
A ses desirs Plutus prodiguoit tout,
Et ne pouvoit surmonter son dégoût.

Eh ! de quoi sert en effet la parure?

De ces lambris qu’importe la dorure,
Si du cœur seul, objet de tant de soins,
On ne sauroit appaiser les besoins?

Que sert d’avoir, quand même on est avide,
La bourse pleine, en restant le cœur vuide?

J’entens le cœur qu’a chanté dans ses vers
Anacréon sous le nom de Boufflers.

En vain l’on offre aux Graces sémillantes
D’un lit doré les crépines brillantes :
A leur usage, il est d’autres vertus,
D’autres trésors ignorés de Plutus.

Philis l’apprend Philis est bientôt lasse
D’un soupirant dont rien ne fond la glace.

Pleine d’amour et d’un dépit mutin,
Chez son Médor, elle entre un beau matin.

Le noir souci dont elle est travaillée
Avant le jour la tenoit éveillée :
On ne dort plus quand on est bien épris
L’indifférent connoît bien mieux le prix
Du doux repos : aussi notre jeune homme,
Quand elle vint, dormoit d’un profond somme.

Près de son lit la Belle à deux genoux,
Pour le toucher, prend un air humble et doux.

"Mon cher ami, dit notre Terpsichore,
M’est-il permis de vous revoir encore?"