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périté sociale est grande quand celle des individus qui composent la société est grande[1].

Un corps est sain lorsque toutes ses cellules sont saines et réciproquement. Or la Société est formée par la réunion d’individus tout comme le corps humain est constitué par la réunion de soixante trillions de cellules.

L’homme ne peut vivre seul, isolé du reste des hommes. Il doit au contraire, en vertu de son essence même, être en communion perpétuelle avec ses semblables. « Je ne puis vivre seul en moi-même, dit Lord Byron, il faut que je participe à ce qui m’entoure :

« I live not in myself, but I become
« Portion of that around me… »

Voici donc que la science sociale formule ce que le Décalogue et l’Évangile avaient dit il y a des siècles : Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu respecteras ton prochain quel qu’il soit ; et qu’elle en fait à la fois la base de la société et la formule de l’intérêt individuel. L’Évangile aussi avait formulé la loi de la réversibilité : « On se servira avec vous de la même mesure que celle dont vous vous serez servi avec les autres ».

Eh bien, Messieurs, voilà les vérités qu’il faut propager.

Les uns les professent au nom de la raison pure, d’autres au nom de la science sociale, de l’expérience et de l’observation ou encore de l’intérêt bien compris de tous, d’autres enfin au nom de l’idéal évangélique. Je m’inscris pour mon compte tout à la fois dans les trois catégories. Mais, à quelque catégorie que nous appartenions, nous sommes tous ici unanimes à affirmer la grande loi de la fraternité universelle de tous les êtres, des êtres vivants que la science rapproche les uns des autres, entre lesquels elle découvre chaque jour des points communs, mais particulièrement la loi de la fraternité et de l’égalité en droit de tous les hommes de toute race,

  1. Novicow, La Possibilité du bonheur, Giard et Brière, Paris.