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lité des oppresseurs et de ceux qui opèrent là-bas ; de telle sorte que la colonisation nous colonise à notre tour, et que, aux causes de corruption déjà naturelles existant dans divers pays, vient se joindre la grande corruption coloniale, la grande corruption de cette clientèle politique misérable qui a triomphé au commencement de cette année dans l’un de ses représentants (Applaudissements). Ah ! oui, ils se vengent de nous les rapports naturels des choses, et ils nous renvoient sous la forme éventuelle de présidents ou de candidats présidentiels… (Applaudissements prolongés).


Citoyennes et citoyens, j’invoque l’intérêt de la métropole, l’intérêt de la mère patrie pour mettre fin aux abominations qui se commettent dans toutes nos colonies. Mais comme vous l’a montré M. Viollet, il suffit d’être un homme désintéressé, ayant des notions élémentaires de justice, pour demander, au nom de l’honneur de chaque pays, dans chaque pays, la cessation de ces atrocités.

Tout à l’heure on disait que la presse française aimait à dénoncer les crimes qui se commettent par ailleurs et qu’on trouvait que les Allemands et les Belges ont la main singulièrement dure dans leurs concessions. Avez-vous remarqué, citoyennes et citoyens, combien la presse de ces temps derniers a été réservée non seulement sur les crimes commis par les administrateurs français, mais encore sur la campagne poursuivie à Bruxelles dans le Peuple, et à Berlin dans le Vorwaerts ? Nous voyons là la solidarité d’intérêts qui lie les négriers français aux négriers allemands, aux négriers belges et aux négriers anglais.

Eh bien ! c’est la seule réponse que je veuille faire ce soir à ceux qui nous accusent de trahir les intérêts de la France en dénonçant devant le monde les crimes commis par des administrateurs français : en réalité les criminels ne sont d’aucun pays, et ils sont justiciables de la loi pénale de tous les pays (Applaudissements).

Mais, si des crimes ont été commis, si des responsabilités individuelles ont été engagées, il y a néanmoins, et il faut en tenir compte, un système qui