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Quelques-uns des orateurs que nous allons entendre nous aideront à faire cette douloureuse exploration intérieure. Je me contenterai quant à moi d’une rapide indication relative à l’esclavage.

D’après un arrêt récent de la Cour de cassation, il n’existerait pas dans nos lois de disposition permettant de punir la traite des esclaves à terre. Et, à celle occasion, un journal très autorisé nous fait savoir que ce vide sera prochainement comblé : le ministère des colonies prépare, à cet effet, un projet de loi et le déposera dès la rentrée des Chambres. Voilà un projet de loi qui, certes, n’a rien de prématuré ! Aussi bien, ajoute-t-on, dans ces dernières années, le gouverneur général de l’Afrique occidentale s’est efforcé, par toutes les mesures en son pouvoir, de détruire l’esclavage dans l’immense domaine qu’il administre[1].

Fort bien ! Mais dans un autre gouvernement, l’esclavage a été, non pas importé, mais créé de toutes pièces, il y a peu d’années. Notre Comité a signalé au ministre un acte en vertu duquel des libres, hommes, femmes et enfants, dont nous avons les noms, ont été avec l’approbation formelle de l’autorité locale française faits serfs ou mieux faits esclaves, eux et leur postérité[2]. De cet acte de 1899 nous n’avons pas au Comité de nouvelle très récente. Nous n’avons pas appris jusqu’ici qu’il ait été annulé, ni que les familles aient été rendues à la liberté.

J’ai dit liberté ! Hélas ! quelle liberté, celle d’un Canaque, d’un Malgache ou d’un Congolais ! Un des orateurs que nous allons entendre, M. Chastand, écrivait en toute vérité et sincérité, il y a deux jours :


« À cette heure, si vous demandez aux Malgaches

  1. Le Temps du 21 Octobre 1905.
  2. L’Européen du 2 Août 1902 (article de M. F. Lot) ; l’Européen du 29 Novembre 1902 (lettre adressée le 25 Octobre 1902 par le Président du Comité de protection et de défense des indigènes au Ministre des Colonies) ; la Grande Revue du 1er Janvier 1903 (article de M. Nouët) ; Un scandale colonial : Le rétablissement de l’esclavage sous la forme d’un contrat administratif, Nouméa, 1902.