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Gagniet / Birouste : Le Notaire de Balzac
Gagniet / Birouste : Le Notaire de Balzac



Gagniet / Birouste : Le Notaire de Balzac
Gagniet / Birouste : Le Notaire de Balzac

Vous voyez un homme gros et court, bien portant, vêtu de noir, sûr de lui, presque toujours empesé, doctoral, important surtout ! Son masque bouffi d’une niaiserie papelarde qui d’abord jouée, a fini par rentrer sous l’épiderme, offre l’immobilité du diplomate, mais sans la finesse, et vous allez savoir pourquoi. Vous admirez surtout un certain crâne couleur beurre frais qui accuse de longs travaux, de l’ennui, des débats intérieurs, les orages de la jeunesse et l’absence de toute passion. Vous dites : Ce monsieur ressemble extraordinairement à un notaire. Le notaire long et sec est une exception. Physiologiquement parlant, le notariat est absolument contraire à certains tempéraments. Ce n’est pas sans raison que Sterne, ce grand et fin observateur a dit : le petit notaire ! Un caractère irritable et nerveux, qui peut encore être celui de l’avoué, serait funeste à un notaire : il faut trop de patience, tout homme n’est pas apte à se rendre insignifiant, à subir les interminables confidences des clients, qui tous s’imaginent que leur affaire est la seule affaire ; ceux de l’avoué sont des gens passionnés, ils tentent une lutte, ils se préparent à une défense. L’avoué, c’est le parrain judiciaire ; mais le notaire est le souffre-douleur des mille combinaisons de l’intérêt, étalé sous toutes les formes sociales. Oh ! ce que souffrent les notaires ne peut s’expliquer que par ce que souffrent les femmes et le papier blanc, les deux choses les moins réfractaires en apparence : le notaire résiste énormément, mais il y perd ses angles. En étudiant cette figure effacée, vous entendez des phrases mécaniques de toute longueur, et disons-le, plusieurs lieux communs ! L’Artiste recule épouvanté. Chacun se dit affirmativement : Ce monsieur est notaire. Il est perdu, celui qui donne