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LES FABLES D’ÉSOPE

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FABLE I.

D’un Coq, & d’une Pierre précieuſe.

Un Coq en grattant un fumier, trouva par hazard une pierre précieuſe ; il la conſidéra pendant quelque tems, et dit avec une eſpece de mépris : de quoi me peut ſervir une choſe ſi belle & ſi brillante ? Elle ſeroit bien mieux entre les mains d’un Lapidaire qui en connoîtroit le prix et l’uſage qu’il en faut faire. Mais pour moi qui n’en puis retirer aucune utilité, je préférerois un ſeul grain d’orge à toutes les Pierres précieuſes du monde.


SENS MORAL.

Les choſes ne ſont eſtimables qu’autant qu’elles ſont utiles & néceſſaires, l’on en doit faire peu de cas, quand elles ne ſervent qu’au luxe & à la vanité. Ce n’eſt que l’opinion des hommes & le caprice qui donne le prix à la plûpart des choſes qu’ils eſtiment tant, & dont ils recherchent la poſſeſſion avec tant d’avidité. Celles qui ſont rares, & qu’on ne peut acquérir qu’avec de grands ſoins & de grandes dépenſes, deviennent précieuſes par leur rareté, quoique l’on n’en retire pas de grands avan-