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pris au nid de l’Aigle, ſes petits tombèrent à terre, & furent dévorés par leur ennemi. Cette Fable doit apprendre aux perfides que ceux qui violent les droits de l’amitié, ſont tôt ou tard punis de leur malice, & qu’ils tombent ſouvent entre les mains de leurs ennemis, qui leur font encore des outrages plus ſanglans.

Malheur à toi, qui promets amitié
A celui que tu veux ſurprendre.
L’Ami que tu trahis peut être ſans pitié,
S’il trouve un jour à te le rendre.


FABLE XIII.

Du Corbeau & du Renard.

Un Corbeau s’étoit perché ſur un arbre, pour manger un fromage qu’il tenoit en ſon bec. Un Renard qui l’aperçut, fut tenté de lui enlever cette proye. Pour y réuſſir, & pour amuſer le Corbeau, il commença à le louer de la beauté de ſon plumage. Le Renard voyant que le Corbeau prenoit goût à ſes louanges, c’eſt grand dommage, pourſuivit-il, que votre chant ne réponde pas à tant de rares qualités que vous avez. Le Corbeau voulant perſuader au Renard, que ſon chant n’étoit pas déſagréable, ſe mit à chanter, & laiſſa tomber le fromage qu’il avoit au bec. C’eſt ce que