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nous que la crédulité de l’Aigle fut trompée, & que la Corneille ſçut tirer tout l’avantage du conſeil intéreſſé qu’elle lui donna.

Trop de crédulité nous abuſe ſouvent ;
Quoique tous intérêts doivent ceder aux nôtres.
En ſuivant quelque fois un conſeil décevant,
On ſe nuit, & l’on fait les affaires des autres.

FABLE XII.

De l’Aigle, & du Renard.

Une Aigle & un Renard ayant fait ſociété enſemble, convinrent pour ſerrer plus étroitement les nœuds de leur amitié, de demeurer l’un auprès de l’autre. L’Aigle choiſit un arbre fort élevé pour y faire ſon nid. Le Renard ſe creuſa une tanière au pied de l’arbre, & il y mit ſes petits. Etant un jour ſorti pour aller leur chercher la proye, l’aigle preſſée de la faim vint fondre ſur les petits du Renard, dont elle fit faire curée à ſes aiglons. Le Renard étant de retour, & voyant la perfidie de ſa voiſine, ſut moins atriſté du malheur de ſes petits, que du déſeſpoir d’être hors d’état d’en tirer vengeance parce qu’il ne pouvoit s’élever dans l’air pour pourſuivre ſon ennemi. Se tenant donc à l’écart, il donnoit à l’Aigle mille