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Le ballon, dans la chambre, vola au plafond, y resta collé trois jours, s’assombrit, se ratatina, tomba mort sur le parquet : un petit sac noir.

Alors la petite fille pauvre pensa : « J’aurais dû le faire partir au jardin, dans le ciel bleu. Je l’aurais suivi des yeux, longtemps, longtemps… »

Cependant la petite fille riche reçut encore dix autres ballons, et une fois l’oncle Karl lui en acheta trente d’un seul coup.

Elle en fit partir vingt dans le ciel, et donna les dix autres à des enfants pauvres. Après quoi les ballons n’eurent plus pour elle aucun intérêt.

« C’est bête, un ballon » — disait-elle.

Et Tante Ida trouva qu’elle était assez avancée pour son âge.

La petite fille pauvre rêvait : « J’aurais dû le faire partir dans le ciel bleu, et le regarder longtemps, longtemps… »


COMME UNE IMAGE


C’était un petit, tout petit jardin.

Tout alentour poussaient d’épais buissons de groseilliers, avec de grasses petites grappes luisantes et rouges ;

Ils étaient rouges et vert-sombre.

Au bord des petites allées se pressaient des touffes d’œillets vert-de-gris, avec de grandes fleurs rouges.

Ils sentaient très bon et très fort.

C’était le soir.

Sur un banc était assise une jeune fille dans une mince robe de soie rouge.

Elle rêvait : « Je l’aime ! »

Tout à côté, il y avait un petit, tout petit jardin,

Où poussaient d’épais buissons de groseilliers, avec de grasses petites grappes d’un blanc jaune.

Ils étaient blancs et vert-sombre.