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RENART ET PRIMAUT À LA FOIRE.

ONZIÈME AVENTURE

Comment Renart et Primaut allèrent à la foire, et du bon marché qu’ils firent en chemin.



Au point du jour, les deux amis se levèrent et plièrent les vêtements du Curé, à la guise des marchands. Primaut coupa une hart, et les pendit à son cou ; Renart se plaça derrière lui comme son valet et, dans cet appareil, ils prirent gaiement le chemin de la foire.

Ils ne marchèrent pas longtemps sans faire la rencontre d’un prouvère, qui justement se rendoit à la foire pour y acheter un surplis, une étole et une aumusse ; mais il vouloit commencer par aller déjeuner chez un de ses confrères, auquel il portoit une oie des plus tendres et des plus grasses.

Renart fut le premier à l’apercevoir. « Bonne aventure, compain, » dit-il à Primaut, « je vois, là devant nous, un prêtre qui, si je ne me trompe, va nous être de grand secours. Peut-être nous achètera-t-il nos habits, ce seroit autant de gagné ; car, en pleine foire, on peut nous soupçonner de les avoir volés, et nous paierions alors un mauvais l’écot.