Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.
70
DIXIÈME AVENTURE.

maut : « Allons ! Renart, je veux bien vous croire, et ne garder de rancune que contre le prouvère dont j’emporte au moins, comme vous voyez, l’aube, l’aumusse, la chasuble, le fanon et la ceinture. Il en cherchera d’autres, quand il voudra chanter messe à son tour.

— Or, savez-vous, » dit Renart, « ce qu’il y auroit à faire ? — Non. — Il faudroit demain porter ces vêtements à la foire et les y vendre, fût-ce au prouvère lui-même, s’il s’y présente. — Voilà qui est bien pensé, » dit Primaut ; « mais d’abord reposons-nous, car je suis gravement meurtri et harassé. Quand nous aurons bien dormi, nous parlerons de la foire ; nous y porterons les habits, et nous en aurons, j’imagine, un assez bon prix. — Je le crois comme vous, » répondit Renart, « et qui sait si nous ne trouverons pas moyen de nous venger de ceux qui vous ont tant maltraitté, pour vous punir de votre zèle au service de Dieu ? »