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NEUVIÈME AVENTURE.

paremment ainsi que vous faites vous-mêmes quand vous voulez avoir une bonne pêche. — Justement » dit Renart ; « c’est merveille comme vous comprenez aisément. Je vais faire ce que vous demandez. »

Il serre fortement le seau à la queue d’Ysengrin. « Et maintenant, vous n’avez plus qu’à vous tenir immobile pendant une heure ou deux, jusqu’à ce que vous sentiez les poissons arriver en foule dans l’engin. — Je comprends fort bien ; pour de la patience j’en aurai tant qu’il faudra. »

Renart se place alors un peu à l’écart, sous un buisson, la tête entre les pieds, les yeux attachés sur son compère. L’autre se tient au bord du trou, la queue en partie plongée dans l’eau avec le seau qui la retient. Mais comme le froid etoit extrême, l’eau ne tarda pas à se figer, puis à se changer en glace autour de la queue.

Le loup, qui se sent pressé, attribue le tiraillement aux poissons qui arrivent ; il se félicite, et déjà songe au profit qu’il va tirer d’une pêche miraculeuse. Il fait un mouvement, puis s’arrête encore, persuadé que plus il attendra, plus il amènera de poissons à bord. Enfin, il se décide à tirer le seau ; mais ses efforts sont inutiles. La glace a pris de la consistance, le trou est fermé, la queue est arrêtée sans qu’il lui