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RENART ET LA MÉSANGE.

paix générale ; plaise à Dieu qu’elle soit de longue durée ! Tous les barons l’ont jurée, tous ont promis d’oublier les anciens sujets de querelle. Aussi les petites gens sont dans la joie ; le temps est passé des disputes, des procès et des meurtres ; chacun aimera son voisin, et chacun pourra dormir tranquille.

— Savez-vous, damp Renart, » dit la Mésange, « que vous dites là de belles choses ? Je veux bien les croire à demi ; mais cherchez ailleurs qui vous baise, ce n’est pas moi qui donnerai l’exemple.

— En vérité, commère, vous poussez la défiance un peu loin ; je m’en consolerois, si je n’avois juré d’obtenir le baiser de paix de vous comme de tous les autres. Tenez, je fermerai les yeux pendant que vous descendrez m’embrasser. — S’il est ainsi, je le veux bien, » dit la Mésange. « Voyons vos yeux : sont-ils bien fermés ? — Oui. — J’arrive. » Cependant l’oiseau avoit garni sa patte d’un petit flocon de mousse qu’il vint déposer sur les barbes de Renart. À peine celui-ci a-t-il senti l’attouchement qu’il fait un bond pour saisir la Mésange, mais ce n’étoit pas elle, il en fut pour sa honte. « Ah ! Voilà donc votre paix, votre baiser ! Il ne tient pas à vous que le traité ne soit déjà rompu. — Eh ! » dit Renart, « ne voyez-vous pas que je