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RENART ET NOIRET.

mence à grateler. Tout à coup Renart paroît et s’élance ; il croit le saisir, mais il manque son coup. Noiret se jette vivement de côté, vole, saute et court en poussant des cris de détresse. Berton l’entend ; il sort du logis, cherche d’où vient le tumulte, et reconnoît bientôt le goupil à la poursuite de son coq. « Ah ! c’est vous, maître larron ! vous allez avoir affaire à moi. »

Il rentre alors à la maison, pour prendre non pas une arme tranchante (il sait qu’un vilain n’a pas droit d’en faire usage contre une bête fauve), mais un filet enfumé, tressé je crois par le diable, tant le réseau en étoit habilement travaillé. C’est ainsi qu’il compte prendre le malfaiteur. Renart voit le danger et se blottit sous une grosse tête de chou. Berton, qui n’avoit chassé ni vollé de sa vie, se contente d’étendre les rets en travers sur la plate-bande, en criant le plus haut qu’il peut, pour mieux effrayer Renart : « Ah ! le voleur, ah ! le glouton ! nous le tenons enfin ! » Et ce disant, il frappoit d’un bâton sur les choux, si bien que Renart, ainsi traqué, prend le parti de sauter d’un grand élan ; mais où  ? en plein filet. Sa position devient de plus en plus mauvaise : le réseau le serre, l’enveloppe ; il est pris par les pieds, par le ventre, par le cou. Plus il se démène, plus il s’enlace et s’entor-