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TROISIÈME AVENTURE.

Comment Berton le Maire fut trompé par Renart, et comment Renart fut trompé par Noiret.



Pierre, qui vint au monde à Saint-Cloud, cédant au désir de ses amis, a longtemps veillé pour mettre en vers plusieurs joyeux tours de Renart, ce méchant nain dont tant de bonnes âmes ont eu droit de se plaindre. Si l’on veut faire un peu silence, on pourra trouver ici matière à plus d’un bon enseignement.

C’étoit au mois de mai, temps où monte la fleur sur l’aubépin, où les bois, les prés reverdissent, où les oiseaux disent, nuit et jour, chansons nouvelles. Renart seul n’avoit pas toutes ses joies, même dans son château de Maupertuis : il étoit à la fin de ses ressources ; déjà sa famille, n’ayant plus rien à mettre sous la dent, poussoit des cris lamentables, et sa chère Hermeline, nouvellement relevée, étoit surtout épuisée de besoin. Il se résigna donc à quitter cette retraite ; il partit, en jurant sur les saintes reliques de ne pas revenir sans rapporter au logis d’abondantes provisions.