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NOUVELLE ÉTUDE

sans empêcher cependant le premier auteur de compléter l’œuvre qu’il avoit commencée. C’est à cet auteur que revient encore assurément la branche du Jugement Renart, dont voici le début :

« Pierre, qui mit tout ce qu’il avoit d’esprit à composer des vers sur Ysengrin et Renart, a pourtant négligé le meilleur de son sujet. C’est le procès et le jugement de Renart devant la cour du Roi. — Je vais vous le raconter :

Pierre qui son engien et s’art
Mist en vers faire de Renart
Et d’Ysengrin son chier compere,
Lessa les mieus de la matere,
Quant il entr’oblia les plais
Et le jugement qui fu fais
En la cort Noble le lion.…

(Méon, II, p. 1.)

C’est, comme on a vu, la fameuse branche sur laquelle les trouvères allemans et flamans ont réglé leurs imitations.

Après le Jugement il est d’autres aventures moins anciennes dans lesquelles on trouveroit encore certains détails agréables. Telles sont le Renart mucié aus peaus, et le Vilain Lietart que fit un prêtre de la Croix-en-Brie. Telle est même l’histoire de Tybert Comment il sonna les cloches et chanta matines. Ici l’auteur s’est nommé : c’est Richart de Lison. L’aventure se passe en effet près du village de Lison en Normandie, au-dessous de Bayeux ; entre la forêt du Vernay, le Breuil et Saint-Martin de Blagny ; au temps de Guillaume Tornebu, évêque de Coutances, c’est-à-dire de 1189 à 1198. Mais ces récits ne se lient plus à la querelle de