Page:Les aventures de maître Renart et d'Ysengrin son compère, trad. Paulin, 1861.djvu/363

Cette page a été validée par deux contributeurs.
347
SUR LE ROMAN DE RENART.

le nom de Richeut, et ce nom ne reparoît plus dans les autres branches. Il est vrai que dans les plus voisines, la dame est tout simplement appelée la femme Renart : mais à partir de la Chasse et du Partage du lion, elle reçoit le nom d’Hermeline, que bien des dames du moyen âge ont porté, qui rappelle la fourrure de l’animal, et dont la forme est plus douce et plus poétique.

On peut répondre que le premier nomenclateur, n’ayant pas trouvé l’occasion de faire jouer à Richeut le rôle que sembloit réclamer son nom, aura consenti sans peine à lui substituer celui d’Hermeline, que Pierre de Saint-Cloud avoit introduit. Mais, après tout, la question d’identité entre le premier anonyme et l’auteur de la plupart des branches suivantes est secondaire. Il suffit de maintenir que presque toutes les branches dont se compose le premier volume de Méon et une partie des deux autres ont été faites et répandues, les unes deux ou trois années avant le milieu du douzième siècle, les autres vingt, trente ou quarante ans plus tard.


Je reviens au premier anonyme : il dit au début de son œuvre (Méon, I, p. 5), que les noms de Renart et d’Ysengrin, d’Hersent et de Richeut ont été donnés au loup, à la louve, au goupil et à la goupille en raison d’une grande analogie de penchans et de vices entre ces animaux et les deux hommes et les deux femmes qui avoient porté le même nom dans le monde.

Pour ce qui est de Renart et d’Ysengrin, l’anonyme a dû seulement parler par ouy-dire. Ces noms, tout porte à le croire, figuroient bien avant lui dans les récits poétiques ; mais il aura voulu remonter à