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NOUVELLE ÉTUDE

ancien, dont les textes de Méon n’offriroient que le remaniement.

Il faudroit justifier, ce qu’on répète à tort depuis longtems, que les manuscrits de Paris et tous les autres qui renferment le Renart françois sont de la fin du treizième siècle ou du quatorzième.

Pour moi, je crois pouvoir affirmer que sur les sept de Paris, il s’en trouve deux du quatorzième siècle (nos 7607a de la Bib. imp., et 198c de l’Arsenal), trois du milieu du treizième siècle (nos 7607, 98 Suppl. fr. et 198b de l’Arsenal), deux enfin qui peuvent très-bien remonter au douzième siècle (68c et 1989 Saint-Germain). De plus M. Hippeau vient de retrouver plusieurs branches de Renart dans un manuscrit du cabinet de S. A. R. Monsieur le duc d’Aumale ; ces branches suivoient des poèmes qui semblent bien tous remonter au douzième siècle, par exemple ceux de Crestien de Troyes. M. Hippeau ne détermine pas la date du précieux volume ; mais il est écrit sur trois colonnes, et cette disposition, autant que les ouvrages qu’on y trouve réunis, forme une grande présomption en faveur de la date du douzième siècle.

Enfin il faudroit prouver que les formes grammaticales du Renart conservé n’appartiennent plus au douzième siècle. Mais pourquoi se seroit-on avisé de refaire et de renouveler la langue d’un ou de plusieurs contemporains de Crestien de Troyes et d’Aimé de Varennes, quand alors elle étoit arrivée au point de perfection qu’elle ne devoit plus dépasser dans tout le cours du moyen âge ? Les vers de Crestien sont pour le moins aussi faciles à entendre, aussi élégans que ceux de Rutebeuf et de Jean de Meun, et si l’on veut y faire attention, on retrouvera dans